Pour en finir avec le Conseil de la Création artistique
Dans le précédent article, je faisais part de la création du Conseil de la création artistique.
Mon ami Kasimir Bizou, plus courageux que moi, a rédigé le petit texte ci-dessous qui dit en grande partie ce que j'en pense. Place à Doc Kazimir
Mon ami Kasimir Bizou, plus courageux que moi, a rédigé le petit texte ci-dessous qui dit en grande partie ce que j'en pense. Place à Doc Kazimir
Beaucoup, même à gauche, vont saluer l'apparition du "Conseil de la création artistique" dans le paysage de la politique culturelle, pour trois raisons sensées faire honneur à la grandeur de notre république :
1 - d'abord parce que l'objet du dit conseil porte sur "l'excellence artistique" ce qui indique un souci de qualité bienvenu face au déferlement du "tout culturel". Ainsi, le conseil chassera des terres de la culture française les artistes aux oeuvres médiocres. Et ceci sous l'autorité directe du chef de la république, devenu par le fait, pourvoyeur de l'excellentissime "qualité" des arts ...Le décret ne triche pas avec ce role du pouvoir :"Le Conseil de la création artistique est présidé par le Président de la République" . Il est composé de personnalités qualifiées, choisies en raison de leurs compétences dans les différents domaines de la création artistique" et sa mission est "d'éclairer les choix des pouvoirs publics en vue d'assurer le développement et l'excellence de la création artistique française".
2 - Prometteuse aussi, cette initiative de Nicolas Sarkozy car les avis du dit Conseil guideront le président dans son ambition de stopper le long déclin culturel de la France.
On lit sans peine et, à deux reprises, que l'excellence artistique permettra d'améliorer la diffusion de l'art de France à l'étranger. On ne peut s'empêcher d'entendre que l'enjeu est le "rayonnement" de notre pays dans le monde pour nous permettre de redevenir le phare des arts pour la planète et faire taire les méchantes langues qui doutent de notre capacité à demeurer le coeur des Lumières !
On retrouve ici l'ambition que le gouvernement annonçait aux parlementaires dans son PAP (projet annuel de performances) 2009 curieusement ignoré des milieux culturels. On y lisait déjà en clair : " Dans un contexte d’accroissement des échanges et de l’intensification de la compétition internationale, le plan de revalorisation du marché de l’art français sera mis en oeuvre pour renforcer l’attractivité de la France face notamment aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne. Ce plan a pour objectifs principaux de valoriser le rôle des collectionneurs etc ...". Applaudissons ! En période de crise généralisée et de luttes implacables de tous contre tous sur les marchés mondiaux, il était temps que les artistes de notre pays, parce qu'ils sont des français soucieux de défendre leur patrie, contribuent à ce combat collectif de "la diffusion la plus large, notamment à l'étranger". Grace au Conseil de la création et à son excellence, nos artistes patriotes seront les bataillons d'élite d'une renommée mondiale retrouvée. La Nation d'abord, et les artistes au service de sa grandeur... Et pour les les oeuvres capitales de l'Humanité, chères à Malraux, on verra plus tard, quand la France aura retrouvé sa position artistique dominante !
3 - Troisième puissante raison : si le conseil donne de bons avis, l'art de France sera espéré et attendu des acheteurs, toujours à l'affût d'acquérir des oeuvres dont le prix de marché révèle leur valeur artistique singulière. Succès pour le Conseil s'il nous débusque un Damien Hirst en veau d'or spéculatif vendant, le même jour, 54 de ses oeuvres pour un total de 88,94 millions d'euros ! La balance des paiements sera sauvée par l'art français enfin devenu compétitif, sur le marché des échanges symboliques comme des échanges spéculatifs en équivalent universel.
Devant tant de glorioles, sans doute bien partagées par les républicains des arts, on ne peut qu'ironiser en silence et espérer un peu de lucidité de la part de la démocratie !
Disons ainsi aux concitoyens qui le savent depuis longtemps que "l'excellence artistique" est une blague de potache pour président de la république, un colifichet pour lui faire croire qu'il détient aussi un pouvoir sur les arts. Chacun sait que nul ne peut prétendre détenir les clés des valeurs esthétiques qui s'imposeraient à la nation, au nom de l'intérêt général. Comme le rappelait il y a déjà longtemps Yves Michaud "les valeurs esthétiques me paraissent des leurres parfaits : la forme dans laquelle se drape l'ignorance". C'est presque déshonorant pour le président de devoir lui rappeler ce principe élémentaire qui régit le monde de l'art, dans une société de liberté.
Si on voulait pardonner au président, on pourrait lui rappeler que depuis Louis le treizième, l'Académie française est déjà là pour dire "l'excellence". Pourquoi alors chercher ailleurs ? On pourrait ajouter que le ministère de la culture le fait aussi, par sa nature même puisque son décret constitutif lui donne mission depuis Malraux de sélectionner les "oeuvres capitales de l'Humanité"? Pourquoi rajouter une nouvelle couche de sélectionneurs ? Tout simplement parce que l'excellence des uns ne sera jamais l'excellence des autres et qu'en matière d'art, la qualification de la valeur artistique est une affaire de luttes de positions pour imposer un point de vue sur le sensible. L'excellence pour le baroque ne sera jamais l'excellence pour le TRIP-HOP, même s'il y a toujours de grands naïfs pour croire que la musique est comme la République, « une » et » indivisible ».
On devrait tous tenir au principe élémentaire que, dans une société de liberté, l'évaluation du « sensible », en général, et des pratiques artistiques, en particulier, ne peut jamais être réglée par l'autorité publique avec neutralité ou avec impartialité et encore moins avec transparence. D'ailleurs, l'Etat le sait bien puisque disent les arrêtés officiels, les experts qui sélectionnent "l'excellence" "sont tenus au strict secret de leurs délibérations" ! Est ce que, seul, Nicolas Sarkozy l'ignore ?
La première conséquence désastreuse de cette approche politique des arts se laisse voir aisément. Comme il lui est demandé par décret, le Conseil devra dire les "bonnes pratiques" de la création. Qu'arrivera -t- il aux artistes qui auront d'autres pratiques que celles de l'excellence ? L'écho administratif ne tardera pas : "puisque vous n'êtes pas dans les bonnes pratiques de l'art, vous ne pouvez plus bénéficier du régime spécial de l'intermittence "! Les artistes rejetés dans les wagonnets de la médiocrité seront remis au régime des travailleurs ordinaires ! CQFD
Une autre conséquence est tout aussi lourde pour l'avenir de notre situation dans le monde : Monsieur Sarkozy a oublié les devoirs culturels internationaux qui s'imposent au Président de la République française. En effet, notre pays ne peut pas chercher à la fois à "rayonner" c'est à dire à imposer sa puissance artistique au monde et, en même temps, à honorer sa signature des accords internationaux sur la "diversité culturelle". Pour ceux qui l'auraient oublié, donc pour le président , nous avons solennellement promis de favoriser le développement d'industries culturelles autonomes dans les pays en voie de développement . Devant toutes les parties signataires de la convention UNESCO sur la diversité culturelle, la France a affirmé la nécessité de la "coopération et la solidarité internationales dans un esprit de partenariat afin, notamment, d’accroître les capacités des pays en développement de protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles". Avec le nouveau "struggle for arts" du Conseil de la création, cet article 1 de la convention de 2005 n'a plus de sens pour nous .
Le président étant pragmatique et réaliste, il préfère promouvoir la réussite de nos combattants de l'art français à l'étranger que ces valeurs idéales de solidarité et de respect culturel mutuel. Il ne lui reste donc plus qu'à dénoncer notre signature des accords de l'Unesco sur la diversité culturelle.
Finalement on peut prévoir, sans trop de risque, que par sa naïveté à vouloir maîtriser l'excellence artistique et par sa volonté nationaliste de soumettre les autres à l'art français, alors que l'enjeu est dans la construction de rapports solidaires entre les artistes du monde entier, cette machine de guerre qu'est le conseil de la création se fracassera d'ici peu sur les principes qui l'ont institués.
Il aurait mieux valu réfléchir un peu plus, en commençant par renoncer au mythe de l'art qui dit son nom, ses valeurs et, en plus, son identité française.( la création artistique française" dit sans ambages le décret). Il aurait mieux valu considérer que cet univers de l'art est fait de mouvements, d'inventions, d'expérimentations et que sa vertu première est de nourrir le parcours de chacun d'entre nous de références nouvelles qui construisent notre représentation autonome du monde, sans subir la tutelle personnelle du président guidant nos choix !!! Et si « l'excellence artistique » devait exister, nul ne sait pour autant quels réseaux la feront naître d'ici ou d'ailleurs, mais à coup sûr, dans le dos des procédures rigides qui voudraient en unifier la source !
Le président aurait dû, simplement, affirmer qu'investir dans les arts signifie diversifier au maximum les opportunités d'expérimentations artistiques dans tous les domaines de notre vie collective, mais aussi organiser leurs interactions, dans le respect de la dignité culturelle de chacun. Au lieu de désigner des fantomatique "arts excellents", il fallait plutôt encourager, partout les débats sur ce qui fait art et culture pour les uns pour les autres, dans la ville, au travail, dans la rue et ailleurs, dans tous nos territoires de vie.
Au fond, s'il avait vraiment voulu "taper dans la fourmilière", au lieu simplement d'en reconstruire une au plus près de l'Elysée, il lui suffisait de relire Filliou et de faire du principe de la "création permanente - bien fait, mal fait, pas fait", le credo de sa politique, en affirmant que "l'art, c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art". Plutôt que l'art national rayonnant sur les autres, le Président aurait dû défendre l'expérimentation artistique comme condition d'émancipation, reprendre à son compte les principes des "droits culturels dans une société de liberté" et étendre cette belle ambition aux décideurs publics locaux, dans le droit fil de l'Agenda 21 de la culture.
Reste à penser que l'excès de naïveté du président Sarkozy dans cette affaire de l'art conquérant fera prendre conscience aux politiques et aux acteurs culturels de bonne volonté qu'il est temps de reconstruire la politique culturelle sur les valeurs humanistes universelles négociées à l'Unesco, non sur des calculs nationaux. Il n'est en tout cas jamais trop tard pour réagir.
1 - d'abord parce que l'objet du dit conseil porte sur "l'excellence artistique" ce qui indique un souci de qualité bienvenu face au déferlement du "tout culturel". Ainsi, le conseil chassera des terres de la culture française les artistes aux oeuvres médiocres. Et ceci sous l'autorité directe du chef de la république, devenu par le fait, pourvoyeur de l'excellentissime "qualité" des arts ...Le décret ne triche pas avec ce role du pouvoir :"Le Conseil de la création artistique est présidé par le Président de la République" . Il est composé de personnalités qualifiées, choisies en raison de leurs compétences dans les différents domaines de la création artistique" et sa mission est "d'éclairer les choix des pouvoirs publics en vue d'assurer le développement et l'excellence de la création artistique française".
2 - Prometteuse aussi, cette initiative de Nicolas Sarkozy car les avis du dit Conseil guideront le président dans son ambition de stopper le long déclin culturel de la France.
On lit sans peine et, à deux reprises, que l'excellence artistique permettra d'améliorer la diffusion de l'art de France à l'étranger. On ne peut s'empêcher d'entendre que l'enjeu est le "rayonnement" de notre pays dans le monde pour nous permettre de redevenir le phare des arts pour la planète et faire taire les méchantes langues qui doutent de notre capacité à demeurer le coeur des Lumières !
On retrouve ici l'ambition que le gouvernement annonçait aux parlementaires dans son PAP (projet annuel de performances) 2009 curieusement ignoré des milieux culturels. On y lisait déjà en clair : " Dans un contexte d’accroissement des échanges et de l’intensification de la compétition internationale, le plan de revalorisation du marché de l’art français sera mis en oeuvre pour renforcer l’attractivité de la France face notamment aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne. Ce plan a pour objectifs principaux de valoriser le rôle des collectionneurs etc ...". Applaudissons ! En période de crise généralisée et de luttes implacables de tous contre tous sur les marchés mondiaux, il était temps que les artistes de notre pays, parce qu'ils sont des français soucieux de défendre leur patrie, contribuent à ce combat collectif de "la diffusion la plus large, notamment à l'étranger". Grace au Conseil de la création et à son excellence, nos artistes patriotes seront les bataillons d'élite d'une renommée mondiale retrouvée. La Nation d'abord, et les artistes au service de sa grandeur... Et pour les les oeuvres capitales de l'Humanité, chères à Malraux, on verra plus tard, quand la France aura retrouvé sa position artistique dominante !
3 - Troisième puissante raison : si le conseil donne de bons avis, l'art de France sera espéré et attendu des acheteurs, toujours à l'affût d'acquérir des oeuvres dont le prix de marché révèle leur valeur artistique singulière. Succès pour le Conseil s'il nous débusque un Damien Hirst en veau d'or spéculatif vendant, le même jour, 54 de ses oeuvres pour un total de 88,94 millions d'euros ! La balance des paiements sera sauvée par l'art français enfin devenu compétitif, sur le marché des échanges symboliques comme des échanges spéculatifs en équivalent universel.
Devant tant de glorioles, sans doute bien partagées par les républicains des arts, on ne peut qu'ironiser en silence et espérer un peu de lucidité de la part de la démocratie !
Disons ainsi aux concitoyens qui le savent depuis longtemps que "l'excellence artistique" est une blague de potache pour président de la république, un colifichet pour lui faire croire qu'il détient aussi un pouvoir sur les arts. Chacun sait que nul ne peut prétendre détenir les clés des valeurs esthétiques qui s'imposeraient à la nation, au nom de l'intérêt général. Comme le rappelait il y a déjà longtemps Yves Michaud "les valeurs esthétiques me paraissent des leurres parfaits : la forme dans laquelle se drape l'ignorance". C'est presque déshonorant pour le président de devoir lui rappeler ce principe élémentaire qui régit le monde de l'art, dans une société de liberté.
Si on voulait pardonner au président, on pourrait lui rappeler que depuis Louis le treizième, l'Académie française est déjà là pour dire "l'excellence". Pourquoi alors chercher ailleurs ? On pourrait ajouter que le ministère de la culture le fait aussi, par sa nature même puisque son décret constitutif lui donne mission depuis Malraux de sélectionner les "oeuvres capitales de l'Humanité"? Pourquoi rajouter une nouvelle couche de sélectionneurs ? Tout simplement parce que l'excellence des uns ne sera jamais l'excellence des autres et qu'en matière d'art, la qualification de la valeur artistique est une affaire de luttes de positions pour imposer un point de vue sur le sensible. L'excellence pour le baroque ne sera jamais l'excellence pour le TRIP-HOP, même s'il y a toujours de grands naïfs pour croire que la musique est comme la République, « une » et » indivisible ».
On devrait tous tenir au principe élémentaire que, dans une société de liberté, l'évaluation du « sensible », en général, et des pratiques artistiques, en particulier, ne peut jamais être réglée par l'autorité publique avec neutralité ou avec impartialité et encore moins avec transparence. D'ailleurs, l'Etat le sait bien puisque disent les arrêtés officiels, les experts qui sélectionnent "l'excellence" "sont tenus au strict secret de leurs délibérations" ! Est ce que, seul, Nicolas Sarkozy l'ignore ?
La première conséquence désastreuse de cette approche politique des arts se laisse voir aisément. Comme il lui est demandé par décret, le Conseil devra dire les "bonnes pratiques" de la création. Qu'arrivera -t- il aux artistes qui auront d'autres pratiques que celles de l'excellence ? L'écho administratif ne tardera pas : "puisque vous n'êtes pas dans les bonnes pratiques de l'art, vous ne pouvez plus bénéficier du régime spécial de l'intermittence "! Les artistes rejetés dans les wagonnets de la médiocrité seront remis au régime des travailleurs ordinaires ! CQFD
Une autre conséquence est tout aussi lourde pour l'avenir de notre situation dans le monde : Monsieur Sarkozy a oublié les devoirs culturels internationaux qui s'imposent au Président de la République française. En effet, notre pays ne peut pas chercher à la fois à "rayonner" c'est à dire à imposer sa puissance artistique au monde et, en même temps, à honorer sa signature des accords internationaux sur la "diversité culturelle". Pour ceux qui l'auraient oublié, donc pour le président , nous avons solennellement promis de favoriser le développement d'industries culturelles autonomes dans les pays en voie de développement . Devant toutes les parties signataires de la convention UNESCO sur la diversité culturelle, la France a affirmé la nécessité de la "coopération et la solidarité internationales dans un esprit de partenariat afin, notamment, d’accroître les capacités des pays en développement de protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles". Avec le nouveau "struggle for arts" du Conseil de la création, cet article 1 de la convention de 2005 n'a plus de sens pour nous .
Le président étant pragmatique et réaliste, il préfère promouvoir la réussite de nos combattants de l'art français à l'étranger que ces valeurs idéales de solidarité et de respect culturel mutuel. Il ne lui reste donc plus qu'à dénoncer notre signature des accords de l'Unesco sur la diversité culturelle.
Finalement on peut prévoir, sans trop de risque, que par sa naïveté à vouloir maîtriser l'excellence artistique et par sa volonté nationaliste de soumettre les autres à l'art français, alors que l'enjeu est dans la construction de rapports solidaires entre les artistes du monde entier, cette machine de guerre qu'est le conseil de la création se fracassera d'ici peu sur les principes qui l'ont institués.
Il aurait mieux valu réfléchir un peu plus, en commençant par renoncer au mythe de l'art qui dit son nom, ses valeurs et, en plus, son identité française.( la création artistique française" dit sans ambages le décret). Il aurait mieux valu considérer que cet univers de l'art est fait de mouvements, d'inventions, d'expérimentations et que sa vertu première est de nourrir le parcours de chacun d'entre nous de références nouvelles qui construisent notre représentation autonome du monde, sans subir la tutelle personnelle du président guidant nos choix !!! Et si « l'excellence artistique » devait exister, nul ne sait pour autant quels réseaux la feront naître d'ici ou d'ailleurs, mais à coup sûr, dans le dos des procédures rigides qui voudraient en unifier la source !
Le président aurait dû, simplement, affirmer qu'investir dans les arts signifie diversifier au maximum les opportunités d'expérimentations artistiques dans tous les domaines de notre vie collective, mais aussi organiser leurs interactions, dans le respect de la dignité culturelle de chacun. Au lieu de désigner des fantomatique "arts excellents", il fallait plutôt encourager, partout les débats sur ce qui fait art et culture pour les uns pour les autres, dans la ville, au travail, dans la rue et ailleurs, dans tous nos territoires de vie.
Au fond, s'il avait vraiment voulu "taper dans la fourmilière", au lieu simplement d'en reconstruire une au plus près de l'Elysée, il lui suffisait de relire Filliou et de faire du principe de la "création permanente - bien fait, mal fait, pas fait", le credo de sa politique, en affirmant que "l'art, c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art". Plutôt que l'art national rayonnant sur les autres, le Président aurait dû défendre l'expérimentation artistique comme condition d'émancipation, reprendre à son compte les principes des "droits culturels dans une société de liberté" et étendre cette belle ambition aux décideurs publics locaux, dans le droit fil de l'Agenda 21 de la culture.
Reste à penser que l'excès de naïveté du président Sarkozy dans cette affaire de l'art conquérant fera prendre conscience aux politiques et aux acteurs culturels de bonne volonté qu'il est temps de reconstruire la politique culturelle sur les valeurs humanistes universelles négociées à l'Unesco, non sur des calculs nationaux. Il n'est en tout cas jamais trop tard pour réagir.
Doc Kasimir BISOU