Artistes et politiques
Ariane et Robin vont en bateau...
Finies les vacances, les cloches de Pâques, les oeufs en chocolat ! Retour aux affaires ! Artistes et politiques : deux points de vue, en écho...
Ce matin, un très beau texte d'Ariane Mnouchkine dans Libération : «Pour Ségolène Royal». Engagement déterminé, construit, sensible. Extraits.
« Politique et « people » : qui soutient qui ?
Deux approches singulières et complémentaires de la question de l'engagement. A méditer !
Pour les curieux, le Nouvel Obs offre la liste des personnalités qui se sont déclarées pour ou contre l'un des candidats à la présidentielle de 2007. C'est ici.
Finies les vacances, les cloches de Pâques, les oeufs en chocolat ! Retour aux affaires ! Artistes et politiques : deux points de vue, en écho...
Ce matin, un très beau texte d'Ariane Mnouchkine dans Libération : «Pour Ségolène Royal». Engagement déterminé, construit, sensible. Extraits.
« Je voudrais vous parler de sentiments. Car lors d'une élection présidentielle, et pour celle-ci plus que pour toute autre, il s'agit aussi de sentiments. Il s'agit d'étonnement d'abord, d'espoir, de confiance, de méfiance, de craintes, et de courage aussi. Il s'agit surtout, je crois, d'un sentiment de genèse. Je n'ai jamais cru que la Genèse fut terminée. Petite fille, je pensais même qu'une fois grande personne, je serais fermement conviée à y participer. Et comme, à l'époque, aucun adulte autour de moi ne s'est cru autorisé à me détromper, je le pense toujours.
Certains hommes, certaines femmes, savent mieux que d'autres nous rappeler à notre droit et à notre devoir de contribuer à cette genèse, à cette mise au monde d'un meilleur monde. D'un meilleur pays, d'une meilleure ville, d'un meilleur quartier, d'une meilleure rue, d'un meilleur immeuble. D'un meilleur théâtre. Mieux que d'autres, par leur détermination, leur sincérité, leur intelligence, leur audace, ils nous incitent à entamer ou à reprendre avec joie un combat juste, urgent, possible. (...) contre la pauvreté, contre le communautarisme, pour la laïcité, pour la rénovation de nos institutions, contre l'échec scolaire, et donc pour la culture, pour l'éducation, et donc pour la culture, pour la recherche, et donc pour la culture, pour la préservation de la seule planète vivante connue jusqu'à ce jour, pour une gestion plus vertueuse, plus humaine, donc plus efficace des entreprises, pour l'Europe, pour une solidarité vraie, qu'on pourrait enfin nommer fraternité et qui ne s'arrêterait pas à une misérable frontière mais s'étendrait bien au-delà de la mer, bref, pour une nouvelle pratique de la politique, c'est un immense chantier que cette femme, eh oui, cette femme, nous invite à mettre en oeuvre.
(...) Voilà pourquoi je vote pour les travaux d'Hercule, je vote pour Ségolène Royal, et je signe son pacte ». (Lire tout le texte).
Certains hommes, certaines femmes, savent mieux que d'autres nous rappeler à notre droit et à notre devoir de contribuer à cette genèse, à cette mise au monde d'un meilleur monde. D'un meilleur pays, d'une meilleure ville, d'un meilleur quartier, d'une meilleure rue, d'un meilleur immeuble. D'un meilleur théâtre. Mieux que d'autres, par leur détermination, leur sincérité, leur intelligence, leur audace, ils nous incitent à entamer ou à reprendre avec joie un combat juste, urgent, possible. (...) contre la pauvreté, contre le communautarisme, pour la laïcité, pour la rénovation de nos institutions, contre l'échec scolaire, et donc pour la culture, pour l'éducation, et donc pour la culture, pour la recherche, et donc pour la culture, pour la préservation de la seule planète vivante connue jusqu'à ce jour, pour une gestion plus vertueuse, plus humaine, donc plus efficace des entreprises, pour l'Europe, pour une solidarité vraie, qu'on pourrait enfin nommer fraternité et qui ne s'arrêterait pas à une misérable frontière mais s'étendrait bien au-delà de la mer, bref, pour une nouvelle pratique de la politique, c'est un immense chantier que cette femme, eh oui, cette femme, nous invite à mettre en oeuvre.
(...) Voilà pourquoi je vote pour les travaux d'Hercule, je vote pour Ségolène Royal, et je signe son pacte ». (Lire tout le texte).
Au même moment, Robin Renucci réagit à son enrôlement de force, via La Tribune et le Figaro, dans les « people » censés soutenir François Bayrou. (cf mon précédent article sur le sujet) par le petit texte ci-dessous, adressé à la presse :
« Politique et « people » : qui soutient qui ?
« La campagne présidentielle s'achève. Chacun aura bientôt, en conscience, à choisir son (sa) candidat(e) dans les urnes. Il en va de la liberté républicaine et du droit de chaque citoyen de faire savoir auparavant, ou pas, s'il entend soutenir publiquement l'un(e) ou l'autre. Artiste de théâtre et de cinéma, à ce titre modestement connu du public, j'ai choisi pour ma part de n'affirmer aucun engagement public.
Pour autant, j'ai accepté de dialoguer avec plusieurs candidat(e)s sur quelques thèmes pour lesquels, avec d'autres, nous militons depuis des années : les questions de l'art et de la culture dans l'éducation, de l'éducation populaire, de la transmission... Pour ce faire, j'ai répondu notamment à l'invitation de François Bayrou lors d'une rencontre publique au Sénat, en présence de nombreux professionnels de l'art, de la culture et des médias, comme j'ai accepté le dialogue avec Marie-George Buffet dans les colonnes de l'Humanité, ou encore avec de nombreux militants socialistes. Le débat fut parfois rugueux et, je l'espère, utile.
Mais voilà...
Trois secondes sur une image télévisée ont suffi pour qu'aussitôt la rumeur enfle à vitesse d'Internet : « Robin Renucci soutient François Bayrou ! » Récemment, plusieurs quotidiens (La Tribune, Le Figaro) ont repris cette information. Il n'y aurait rien de déshonorant à une telle attitude, mais il se trouve qu'elle est inexacte. Me voici enrôlé de force, par des médias peu soucieux de précision, dans la horde des « people », sans autre possibilité que d'essayer, à main nue, de freiner la rumeur. Tâche surhumaine !
En tirer au moins quelques réflexions...
D'abord, le plus grand respect pour ceux qui s'engagent véritablement, telle Ariane Mnouchkine et le très beau texte qu'elle vient de livrer dans les colonnes de Libération. Cet engagement-là, lucide, construit et déterminé, est le plus noble. Mais hors de ce comportement exemplaire, que faire ? Entre le silence prudent - trop prudent - et la libre parole exposée - trop exposée - quelle peut être la place d'un véritable dialogue républicain entre artistes et politiques ? N'aurions-nous, modestes saltimbanques, que le choix de nous cacher (l'artiste silencieux, mystérieux, hors du temps et du conflit politique, neutre dans l?adversité pour préserver la pureté de son art et -surtout- de son image) ou celui de l'allégeance (poser sur la photo, adhérer au comité, ajouter son nom à la liste...)? Où et comment mener le débat public indispensable entre artistes et politiques, sans aussitôt se trouver enrôlé ? Les politiques ont-ils vraiment besoin de ces « comités » artistiques pour consolider leurs positions électorales ? Est-ce le rôle des artistes de contribuer à la vie politique de cette manière ? Qui soutient qui, en vérité, dans ce jeu de notoriétés supposées ? Les journalistes, enfin, ne trouvent-ils pas là un « angle » facile, amalgamant dans un fourre-tout « people », à la fois des comédiens, des académiciens, des auteurs, des sportifs, des chanteurs, des vedettes de télévision... qu'aucune idée commune sur le monde et sur l'art ne rassemble pourtant ?
Ainsi va notre monde médiatique. Incertain et approximatif. On rêve pourtant d'un vrai débat public, contradictoire, sur le rôle de l'art et de la culture dans notre société bouleversée, sur la place et la responsabilité de chacun. Bref, un débat républicain entre artistes et politiques. Pour la prochaine campagne, peut-être ? En attendant : aux urnes, citoyens ! »
Voir le texte et les réactions sur Libération.frPour autant, j'ai accepté de dialoguer avec plusieurs candidat(e)s sur quelques thèmes pour lesquels, avec d'autres, nous militons depuis des années : les questions de l'art et de la culture dans l'éducation, de l'éducation populaire, de la transmission... Pour ce faire, j'ai répondu notamment à l'invitation de François Bayrou lors d'une rencontre publique au Sénat, en présence de nombreux professionnels de l'art, de la culture et des médias, comme j'ai accepté le dialogue avec Marie-George Buffet dans les colonnes de l'Humanité, ou encore avec de nombreux militants socialistes. Le débat fut parfois rugueux et, je l'espère, utile.
Mais voilà...
Trois secondes sur une image télévisée ont suffi pour qu'aussitôt la rumeur enfle à vitesse d'Internet : « Robin Renucci soutient François Bayrou ! » Récemment, plusieurs quotidiens (La Tribune, Le Figaro) ont repris cette information. Il n'y aurait rien de déshonorant à une telle attitude, mais il se trouve qu'elle est inexacte. Me voici enrôlé de force, par des médias peu soucieux de précision, dans la horde des « people », sans autre possibilité que d'essayer, à main nue, de freiner la rumeur. Tâche surhumaine !
En tirer au moins quelques réflexions...
D'abord, le plus grand respect pour ceux qui s'engagent véritablement, telle Ariane Mnouchkine et le très beau texte qu'elle vient de livrer dans les colonnes de Libération. Cet engagement-là, lucide, construit et déterminé, est le plus noble. Mais hors de ce comportement exemplaire, que faire ? Entre le silence prudent - trop prudent - et la libre parole exposée - trop exposée - quelle peut être la place d'un véritable dialogue républicain entre artistes et politiques ? N'aurions-nous, modestes saltimbanques, que le choix de nous cacher (l'artiste silencieux, mystérieux, hors du temps et du conflit politique, neutre dans l?adversité pour préserver la pureté de son art et -surtout- de son image) ou celui de l'allégeance (poser sur la photo, adhérer au comité, ajouter son nom à la liste...)? Où et comment mener le débat public indispensable entre artistes et politiques, sans aussitôt se trouver enrôlé ? Les politiques ont-ils vraiment besoin de ces « comités » artistiques pour consolider leurs positions électorales ? Est-ce le rôle des artistes de contribuer à la vie politique de cette manière ? Qui soutient qui, en vérité, dans ce jeu de notoriétés supposées ? Les journalistes, enfin, ne trouvent-ils pas là un « angle » facile, amalgamant dans un fourre-tout « people », à la fois des comédiens, des académiciens, des auteurs, des sportifs, des chanteurs, des vedettes de télévision... qu'aucune idée commune sur le monde et sur l'art ne rassemble pourtant ?
Ainsi va notre monde médiatique. Incertain et approximatif. On rêve pourtant d'un vrai débat public, contradictoire, sur le rôle de l'art et de la culture dans notre société bouleversée, sur la place et la responsabilité de chacun. Bref, un débat républicain entre artistes et politiques. Pour la prochaine campagne, peut-être ? En attendant : aux urnes, citoyens ! »
Deux approches singulières et complémentaires de la question de l'engagement. A méditer !
Pour les curieux, le Nouvel Obs offre la liste des personnalités qui se sont déclarées pour ou contre l'un des candidats à la présidentielle de 2007. C'est ici.