Les pendules à l'heure
Cette nuit, on change d’heure. Une heure de sommeil en moins. Une heure de veille en plus. L’été arrive ! Il est temps de mettre les pendules à l’heure.
Y compris dans le domaine politique.
Il est temps d’en finir avec les tergiversations, les hésitations, les argumentations… pour se décider à voter pour… Mais pour qui ?
Le plus compétent ? La plus audacieuse ? La plus médiatique ? Le plus habile ? Le plus rassurant ? La plus Marseillaise ? Le plus Pyrénéen ? La plus rouge ? La plus verte ? Le plus orange ? Le plus beau projet ? Le plus Européen ? Le plus réaliste ? La plus clair ? Le plus flou ? La plus à gauche ? Le plus au centre ? Le plus social ? La plus nationale ? Celle qui peut nous faire gagner ? Celle qui peut nous faire perdre ? Celui qui peut empêcher l’Autre d’arriver à son heure ?
Plusieurs mois déjà que, comme certains d’entre vous, je tergiverse un peu.
Elle ou lui ? Eux ou les autres ?
Le vote de conviction, le vote tactique, le vote utile, le vote inutile ?
Mais voilà, l’échéance approche. Il va falloir choisir.
L’heure n’est plus aux états d’âme. L’heure, c’est l’heure !
Reprenons.
Une quarantaine d’années de vote à gauche, ça marque !
Ça vous fonde une identité et une solidarité. Ça vous oblige. Et pourtant…
J’envie ceux qui m’entourent et semblent ne douter de rien. Pour eux, c’est Elle, sans hésitation. Une femme, pardi ! Et si tu ne la sens pas, c’est que tu es machiste ! Soit !
Mais encore ?
De quelle gauche s’agit-il ? Celle de Fabius le laïc ? Celle de DSK le social-démocrate ? Celle du Che, le national ? Celle de Montebourg et de sa VIè République (il sera un jour ministre de la Justice) ? Celle de Royal, qui mélange tout cela dans une démocratie participative qui semble vouloir réduire les corps intermédiaires ? Populaire ou populiste ? Comme dit Bedos, « elle est parfois maladroite, mais aussi mal à gauche ! »
Pour d’autres, c’est Lui. Décidément.
Enfin du neuf, de l’original, du clair, du pragmatisme… En finir avec la bipolarisation, l’alternance des semblables. Ni l’un, ni l’autre, le troisième ! Je pense à Jacques Lecoq qui me disait souvent : «Entre deux droites qui s’affrontent, c’est souvent une troisième, oblique, qui l’emporte ! » Il a sa chance. L’homme est honorable.
Tu n’y penses pas ! Le centre, c’est la droite, irrémédiablement.
A l’heure qu’il est, je sens venir la fin de la récré. Il va falloir se décider.
Finalement, ce sera Elle.
Elle à Gauche, malgré ses incertitudes, malgré ses errements passés, malgré son abandon de l’Internationale (j’aime cette chanson !), malgré son autoritarisme participatif.
Elle, la Gauche, parce qu’imaginer une seconde fois son absence au second tour, dont je pourrais être, ne serait-ce que d’une voix, responsable, m’est insupportable.
Elle, la Gauche, parce qu’au-delà même de la Présidentielle, il importe que le camp de la solidarité demeure présent, vivant, en mouvement.
Je voterai pour Elle, sans illusions excessives mais sans états d’âme.
Comme disait le philosophe : "Dans ton combat contre le monde, soit avec le monde!"
A moins que d’ici là, les pendules ne se dérèglent…
Comme l’écrit Pierre Rosenvallon* : « l’élément le plus décisif pour le choix d’un citoyen n’est pas l’adéquation qu’il ressent avec un candidat, mais la façon dont son vote va permettre de sanctionner tel ou tel autre candidat. Nous sommes clairement passés d’une démocratie d’adhésion à une démocratie de rejet… ».
Et vous ?
* Cahier du Monde du 22 mars 2007 : "Les intellectuels jugent la présidentielle". A lire.