Débats publics... pièges de campagne ?
Peut-on dialoguer avec un candidat sans pour autant faire allégeance ? Peut-on participer à une rencontre, un débat public, sans pour autant soutenir celui qui vous invite ? Peut-on porter la contradiction, ou tenter de le faire, sans qu’aussitôt on vous accuse de collusion avec votre interlocuteur ? Les artistes n’ont-ils le choix qu’entre le silence, la pseudo-neutralité professionnelle obligée ou le soutien moutonnier inconditionnel ?
Mon ami Robin Renucci était invité, le samedi 17 février au Sénat, pour participer à la rencontre avec le monde de la culture organisée par François Bayrou. Il n’était pas seul : Bernard Latarjet, Jean-Pierre Saez, Philippe Urfalino, Jean-Claude Carrière, Marie-Christine Barrault et quelques autres... J’ai dit ici combien son intervention fut pugnace et pertinente, sur la question de la formation des enseignants et du développement de l’éducation artistique et culturelle, sur l’héritage de l’éducation populaire. Il avait accepté de participer à cette journée, pour y mener la bataille de la conviction et de l’interpellation, porte-parole d’un engagement collectif qui nous rassemble notamment dans le Forum permanent pour l’éducation artistique. « Au-delà des mots, nous attendons des actes » avait-il conclu, interpellant à nouveau le candidat sur le peu de propositions concrètes énoncées dans son discours de clôture. Bref, aucune soumission dans cet acte, loin de là. Et pourtant...
Au journal télévisé du soir, 20 secondes sur le sujet et une apparition furtive de Robin sur un plan lointain, un micro à la main. Cela suffit pour qu’arrivent aussitôt les questions et les SMS : « Alors, tu soutiens Bayrou ? » « Que fait-il, Renucci, avec Bayrou ? » Le piège se referme ! Rien de ce qui a été dit n’a été entendu. L’image seule, silencieuse, vaut acte d’accusation. Et condamnation définitive ! Ainsi va notre monde médiatique... Broyeur de vérités.
Mais alors, que faire ? Se taire définitivement pour préserver je ne sais quelle liberté artistique ? Renoncer au moindre débat contradictoire ? Soigner son image plutôt que défendre ses convictions ? Il me semble préférable, au contraire, d’en rajouter. Il est tout à l’honneur de ceux qui s’y engagent, de poursuivre le débat, de continuer d’affirmer, partout où cela est possible, leurs engagements et leurs convictions. La démocratie vaut mieux que sa réduction médiatique que l’on nous impose. Ce n’est qu’un début, le débat continue !
PS : Significative aussi l’émission de France Inter « Le téléphone sonne », consacrée ce 21 février à la culture dans l’élection présidentielle. Puisque les auditeurs sont invités à intervenir, j’expédie un courriel indiquant mon intérêt pour la chose. Je signe de mon nom, précise mes fonctions et le titre de mon dernier ouvrage. Quelques minutes avant l’émission, appel : « Vous intervenez le premier ». Et l’animateur de donner la parole à « Jean-Gabriel... de Paris » L’intervenant, comme ceux de nombreuses émissions télévisées, n’a plus de nom de famille. Il n’est qu’un prénom, sans statut social, sans passé, sans identité. Curieuse impression de se trouver ainsi dépouillé, faire valoir des experts qui se trouvent en studio.
Pour en savoir plus, on peut réécouter l’émission pendant quelques jours ici.
Pub : Puisqu’il est question de Robin Renucci, je vous recommande vivement le spectacle qu’il présente pour quelques semaines aux Bouffes du Nord à Paris « Le pianiste ». Un grand moment de théâtre, de musique, d’émotion et d’intelligence. En ces temps de questionnements et d’incertitudes, ce rappel tombe à pic !
Mon ami Robin Renucci était invité, le samedi 17 février au Sénat, pour participer à la rencontre avec le monde de la culture organisée par François Bayrou. Il n’était pas seul : Bernard Latarjet, Jean-Pierre Saez, Philippe Urfalino, Jean-Claude Carrière, Marie-Christine Barrault et quelques autres... J’ai dit ici combien son intervention fut pugnace et pertinente, sur la question de la formation des enseignants et du développement de l’éducation artistique et culturelle, sur l’héritage de l’éducation populaire. Il avait accepté de participer à cette journée, pour y mener la bataille de la conviction et de l’interpellation, porte-parole d’un engagement collectif qui nous rassemble notamment dans le Forum permanent pour l’éducation artistique. « Au-delà des mots, nous attendons des actes » avait-il conclu, interpellant à nouveau le candidat sur le peu de propositions concrètes énoncées dans son discours de clôture. Bref, aucune soumission dans cet acte, loin de là. Et pourtant...
Au journal télévisé du soir, 20 secondes sur le sujet et une apparition furtive de Robin sur un plan lointain, un micro à la main. Cela suffit pour qu’arrivent aussitôt les questions et les SMS : « Alors, tu soutiens Bayrou ? » « Que fait-il, Renucci, avec Bayrou ? » Le piège se referme ! Rien de ce qui a été dit n’a été entendu. L’image seule, silencieuse, vaut acte d’accusation. Et condamnation définitive ! Ainsi va notre monde médiatique... Broyeur de vérités.
Mais alors, que faire ? Se taire définitivement pour préserver je ne sais quelle liberté artistique ? Renoncer au moindre débat contradictoire ? Soigner son image plutôt que défendre ses convictions ? Il me semble préférable, au contraire, d’en rajouter. Il est tout à l’honneur de ceux qui s’y engagent, de poursuivre le débat, de continuer d’affirmer, partout où cela est possible, leurs engagements et leurs convictions. La démocratie vaut mieux que sa réduction médiatique que l’on nous impose. Ce n’est qu’un début, le débat continue !
PS : Significative aussi l’émission de France Inter « Le téléphone sonne », consacrée ce 21 février à la culture dans l’élection présidentielle. Puisque les auditeurs sont invités à intervenir, j’expédie un courriel indiquant mon intérêt pour la chose. Je signe de mon nom, précise mes fonctions et le titre de mon dernier ouvrage. Quelques minutes avant l’émission, appel : « Vous intervenez le premier ». Et l’animateur de donner la parole à « Jean-Gabriel... de Paris » L’intervenant, comme ceux de nombreuses émissions télévisées, n’a plus de nom de famille. Il n’est qu’un prénom, sans statut social, sans passé, sans identité. Curieuse impression de se trouver ainsi dépouillé, faire valoir des experts qui se trouvent en studio.
Pour en savoir plus, on peut réécouter l’émission pendant quelques jours ici.
Pub : Puisqu’il est question de Robin Renucci, je vous recommande vivement le spectacle qu’il présente pour quelques semaines aux Bouffes du Nord à Paris « Le pianiste ». Un grand moment de théâtre, de musique, d’émotion et d’intelligence. En ces temps de questionnements et d’incertitudes, ce rappel tombe à pic !