Avignon sous surveillance
Le ministre de la culture vient d'annoncer qu'il accorderait son agrément à la direction actuelle du Festival d'Avignon, pour un nouveau mandat de quatre ans, qui sera le dernier des actuels détenteurs du poste. Ouf ! Mais cet accord est suspendu à la présentation d'un projet précis à déposer rapidement, assorti de nombreux conseils sur l'orientation artistique et la manière de concevoir la programmation.
Je partage largement le questionnement de Jean-Marc Adolphe, dans la revue Mouvement, qui indique :
Je partage largement le questionnement de Jean-Marc Adolphe, dans la revue Mouvement, qui indique :
" En « donnant son agrément » à la reconduction pour quatre ans de Vincent Baudriller et Hortense Archambault à la tête du festival d'Avignon, Donnedieu de Vabres pose de curieuses conditions. Un avant-goût du contrôle étroit que la droite sarkozyste assignerait à la vie culturelle.
Par un communiqué en date du 21 novembre dernier, Renaud Donnedieu de Vabres, actuel ministre de la Culture et de la Communication, a indiqué qu'il « donnera son agrément (...) de renouveler pour quatre ans le mandat de Vincent Baudriller et Hortense Archambault, respectivement directeur et directrice déléguée du Festival d'Avignon ». Mais s'il reconnaît la « réussite incontestable » du « rajeunissement » des publics, le ministre de la Culture est loin d'accorder un blanc-seing au futur CDD de Vincent Baudriller et Hortense Archambault. Il leur demande en effet de « remettre un projet précis au conseil d'administration du Festival qui se réussira le 2 décembre 2006 ». La démarche, en soi, est déjà étrange. Elle s'éclaire lamentablement quand le ministre indique lui même les points qu'il attend voire précisés : « la place de l'écriture et des auteurs vivants » (pourquoi pas ?) ; et « la mise en valeur des comédiens » : en d'autres termes, Donnedieui de Vabres voudrait voir plus souvent Trintignant dans la Cour d'Honneur et plus du tout Jan Fabre, d'autant qu'il insiste sur « la programmation exemplaire et symbolique de la Cour d'Honneur du Palais Papes » et qu'il précise même un peu plus loin, en une allusion limpide à l'édition controversée de 2005 : Vincent Baudriller et Hortense Archambault devront porter un regard critique sur la fonction de l'artiste associé ». Bref, Donnedieu de Vabres demande aux deux directeurs de s'ériger en censeurs potentiels des artistes qu'ils souhaiteraient associer.
Plus insidieux encore : dans ce même communiqué, le ministre de la Culture demande à Vincent Baudriller et Hortense Archambault de s'expliquer sur « le rôle politique du festival ». On ne saurait être plus clair : Renaud Donnedieu de Vabres, qui ne s'est pas rangé pour rien derrière la bannière de Nicolas Sarkozy, donne là un avant-goût du régime de contrôle étroit (avec révocation à la première incartade ?) que la droite sarkozyste rêverait d'assigner à la vie culturelle. Au moins les masques commencent-ils à tomber."
Je ne peux m'empêcher de penser à Jean Vilar, et à l'incroyable situation qui est ainsi faite aux directeurs d'aujourd'hui. Aurait-on osé encadrer de la sorte sa direction ? Quel tôllé cela aurait provoqué ! Un tel lien du politique à l'artistique est-il acceptable ? Qui dira le scandale et la perversité de cet état des choses ? Paul Puaux, qui fut un ami, doit se retourner dans sa tombe !Plus insidieux encore : dans ce même communiqué, le ministre de la Culture demande à Vincent Baudriller et Hortense Archambault de s'expliquer sur « le rôle politique du festival ». On ne saurait être plus clair : Renaud Donnedieu de Vabres, qui ne s'est pas rangé pour rien derrière la bannière de Nicolas Sarkozy, donne là un avant-goût du régime de contrôle étroit (avec révocation à la première incartade ?) que la droite sarkozyste rêverait d'assigner à la vie culturelle. Au moins les masques commencent-ils à tomber."