NOS ENFANTS ONT-ILS DROIT...(préface)
L’expérience, à l’origine de la pensée.
Préface de Robin Renucci
Nos sociétés d’effectivité proposent aux enfants une éducation qui s’adresse principalement à leur cortex, au détriment de leur affectivité et de toutes les richesses qu’apporte un développement plus complet de l’ensemble des facultés humaines. Ce système produit une manière de penser souvent stéréotypée et relativement pauvre, derrière les brillances de l’érudition. Par ailleurs, le niveau de bonheur moyen reste très bas et le devient, de plus en plus, dans nos pays pourtant bien plus nantis que d’autres. L’éducation artistique est trop souvent considérée comme un luxe alors qu’elle est absolument essentielle et devrait faire partie du bagage proposé à tout enfant, qu’il soit talentueux ou non.
La découverte de la correspondance entre un geste et une intention, de la beauté d’un mouvement, d’un regard, d’un son, d’une couleur et de son jeu en écho avec une autre couleur, d’une odeur, d’un goût, d’une sensation tactile, de la résonance sensorielle entre toutes ces perceptions, des émotions et des sentiments qui les accompagnent, sont des moments essentiels pour le développement de l’intelligence dans sa globalité. Le travail artistique et la pratique culturelle canalisent les énergies, permettent la découverte des limites, de leur dépassement et la joie que procure l’acquisition de la discipline personnelle. Chaque expérience vécue modifie totalement l’acquisition de toutes les autres connaissances et contribue à la richesse de chaque enfant, car c’est l’expérience qui est à l’origine de la pensée, non le contraire. Les capacités cognitives sont sous-tendues par la vie affective, les émotions et les échanges. L’expérience de la création artistique partagée multiplie ces richesses. C’est une expérience fondatrice pour tout citoyen. Dès lors, ne pas se préoccuper d’éducation artistique c’est méconnaître tout ce que nous savons aujourd’hui du développement de l’intelligence humaine.
La prise de conscience, chez les plus jeunes, de la diversité et de la richesse des attitudes culturelles contribue par ailleurs, souvent de manière décisive, à la reconnaissance des différences : différences culturelles, sociales et respect de l’expression des minorités. Contre la violence et l’incivilité, contre les racismes, les arts et la culture peuvent contribuer à créer une école de la tolérance et du respect de l’autre. Les règles de l’art sont également celle de la vie.
Nous avons, en France une lignée d’hommes au théâtre, pédagogues uniques au monde qui va de Jacques Copeau à Antoine Vitez en passant par Jean Dasté et Jacques Lecoq. Ils ne sont plus là, mais leur travail reste vivant. Il s’est exporté dans le monde entier, ce qui montre l’universalité de leur démarche. Les élèves de ces pédagogues créateurs sont au travail depuis des années. Chacun à sa manière, ils rendent compte de ce qui s’est développé grâce à ces maîtres. Il est intéressant de constater que, presque tous, ont une conscience aiguë de l’importance du travail avec les enfants et pour les enfants.
Héritier de l’Education populaire, de Miguel Demuynck et des CEMEA, ancien élève de l’Ecole internationale Jacques Lecoq, Jean-Gabriel Carasso est de ceux-là. Depuis une quarantaine d’années, il n’a cessé de conjuguer une pratique théâtrale personnelle, un travail de formation pédagogique, (dans les mouvements d’éducation jusqu’au Conservatoire national supérieur d’art dramatique) et un militantisme jamais démenti au service du théâtre et de l’éducation, notamment pendant ses douze années de direction de l’ANRAT (Association nationale de recherche et d’action théâtrale).
Cette expérience permet à l’auteur de proposer, ici, des voies nouvelles pour contribuer au mieux à l’éducation artistique de nos enfants et plus encore pour leur garantir à tous un meilleur accès à la culture. Il pose, dans le présent ouvrage, deux questions qui me paraissent essentielles : quelle est la place que nous accordons à l’Art et à la Culture dans l’éducation de nos enfants ? Et dans quelle mesure cette éducation spécifique contribue t-elle à faire de ces enfants des adultes responsables, critiques et doués d’une approche sensible de la société ? Ces deux questions sont étroitement liées et leur importance est considérable, si ce dont nous parlons est bien de qualité de vie et de citoyenneté.
La tâche des enseignants, auxquels il fait appel, n’est pas facile. Former des citoyens libres et responsables, bien armés intellectuellement, psychologiquement, socialement pour affronter l’avenir, est en soi une mission lourde. Jean-Gabriel Carasso démontre que, pour atteindre ces objectifs, une réforme profonde de l’Ecole est nécessaire et qu’elle ne pourra se faire sans capacité à permettre de nouvelles synthèses, un nouveau discours, porteur de sens.
A la lecture de ce texte, nous éprouvons un sentiment d’urgence. Le travail autour du théâtre, de la musique, des arts plastiques... nous paraît apporter des réponses spécifiques à nombre de questions d’actualité. L’intégration à la vie scolaire du travail artistique, dans toutes ses dimensions, est à soutenir et à promouvoir. Nombre d’enseignants, d’artistes et de professionnels de la culture ont montré qu’ils pouvaient proposer de nouveaux référents éducatifs ; pour peu qu’on leur en donne les moyens, le défi est de taille : captiver les gens plutôt que les rendre captifs.
Robin Renucci
Préface de Robin Renucci
Nos sociétés d’effectivité proposent aux enfants une éducation qui s’adresse principalement à leur cortex, au détriment de leur affectivité et de toutes les richesses qu’apporte un développement plus complet de l’ensemble des facultés humaines. Ce système produit une manière de penser souvent stéréotypée et relativement pauvre, derrière les brillances de l’érudition. Par ailleurs, le niveau de bonheur moyen reste très bas et le devient, de plus en plus, dans nos pays pourtant bien plus nantis que d’autres. L’éducation artistique est trop souvent considérée comme un luxe alors qu’elle est absolument essentielle et devrait faire partie du bagage proposé à tout enfant, qu’il soit talentueux ou non.
La découverte de la correspondance entre un geste et une intention, de la beauté d’un mouvement, d’un regard, d’un son, d’une couleur et de son jeu en écho avec une autre couleur, d’une odeur, d’un goût, d’une sensation tactile, de la résonance sensorielle entre toutes ces perceptions, des émotions et des sentiments qui les accompagnent, sont des moments essentiels pour le développement de l’intelligence dans sa globalité. Le travail artistique et la pratique culturelle canalisent les énergies, permettent la découverte des limites, de leur dépassement et la joie que procure l’acquisition de la discipline personnelle. Chaque expérience vécue modifie totalement l’acquisition de toutes les autres connaissances et contribue à la richesse de chaque enfant, car c’est l’expérience qui est à l’origine de la pensée, non le contraire. Les capacités cognitives sont sous-tendues par la vie affective, les émotions et les échanges. L’expérience de la création artistique partagée multiplie ces richesses. C’est une expérience fondatrice pour tout citoyen. Dès lors, ne pas se préoccuper d’éducation artistique c’est méconnaître tout ce que nous savons aujourd’hui du développement de l’intelligence humaine.
La prise de conscience, chez les plus jeunes, de la diversité et de la richesse des attitudes culturelles contribue par ailleurs, souvent de manière décisive, à la reconnaissance des différences : différences culturelles, sociales et respect de l’expression des minorités. Contre la violence et l’incivilité, contre les racismes, les arts et la culture peuvent contribuer à créer une école de la tolérance et du respect de l’autre. Les règles de l’art sont également celle de la vie.
Nous avons, en France une lignée d’hommes au théâtre, pédagogues uniques au monde qui va de Jacques Copeau à Antoine Vitez en passant par Jean Dasté et Jacques Lecoq. Ils ne sont plus là, mais leur travail reste vivant. Il s’est exporté dans le monde entier, ce qui montre l’universalité de leur démarche. Les élèves de ces pédagogues créateurs sont au travail depuis des années. Chacun à sa manière, ils rendent compte de ce qui s’est développé grâce à ces maîtres. Il est intéressant de constater que, presque tous, ont une conscience aiguë de l’importance du travail avec les enfants et pour les enfants.
Héritier de l’Education populaire, de Miguel Demuynck et des CEMEA, ancien élève de l’Ecole internationale Jacques Lecoq, Jean-Gabriel Carasso est de ceux-là. Depuis une quarantaine d’années, il n’a cessé de conjuguer une pratique théâtrale personnelle, un travail de formation pédagogique, (dans les mouvements d’éducation jusqu’au Conservatoire national supérieur d’art dramatique) et un militantisme jamais démenti au service du théâtre et de l’éducation, notamment pendant ses douze années de direction de l’ANRAT (Association nationale de recherche et d’action théâtrale).
Cette expérience permet à l’auteur de proposer, ici, des voies nouvelles pour contribuer au mieux à l’éducation artistique de nos enfants et plus encore pour leur garantir à tous un meilleur accès à la culture. Il pose, dans le présent ouvrage, deux questions qui me paraissent essentielles : quelle est la place que nous accordons à l’Art et à la Culture dans l’éducation de nos enfants ? Et dans quelle mesure cette éducation spécifique contribue t-elle à faire de ces enfants des adultes responsables, critiques et doués d’une approche sensible de la société ? Ces deux questions sont étroitement liées et leur importance est considérable, si ce dont nous parlons est bien de qualité de vie et de citoyenneté.
La tâche des enseignants, auxquels il fait appel, n’est pas facile. Former des citoyens libres et responsables, bien armés intellectuellement, psychologiquement, socialement pour affronter l’avenir, est en soi une mission lourde. Jean-Gabriel Carasso démontre que, pour atteindre ces objectifs, une réforme profonde de l’Ecole est nécessaire et qu’elle ne pourra se faire sans capacité à permettre de nouvelles synthèses, un nouveau discours, porteur de sens.
A la lecture de ce texte, nous éprouvons un sentiment d’urgence. Le travail autour du théâtre, de la musique, des arts plastiques... nous paraît apporter des réponses spécifiques à nombre de questions d’actualité. L’intégration à la vie scolaire du travail artistique, dans toutes ses dimensions, est à soutenir et à promouvoir. Nombre d’enseignants, d’artistes et de professionnels de la culture ont montré qu’ils pouvaient proposer de nouveaux référents éducatifs ; pour peu qu’on leur en donne les moyens, le défi est de taille : captiver les gens plutôt que les rendre captifs.
Robin Renucci