362 intellectuels voteront François Hollande

Publié le par JGC

Signataire de ce texte, je vous invite à le faire connaître le plus largement

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Nous, citoyens, étudiants, acteurs de l'éducation, des universités, de la recherche, de la médecine, des arts et de la culture, quels qu'aient pu être nos votes au premier tour de l'élection présidentielle, appelons l'ensemble des Français à voter François Hollande le 6 mai prochain. 

Nous venons d'horizons différents, nous avons sur bien des sujets des positions divergentes voire opposées, nous ne partageons pas nécessairement toutes les options du candidat de la Gauche. Mais une même exigence républicaine nous rassemble: celle d'un pays uni par sa langue et ses valeurs, fondé dans l'histoire par l'esprit d'égalité et de justice, terre d'accueil à chaque génération. 

Dans chacun des domaines que nous représentons -les sciences humaines et sociales, les sciences exactes, la médecine, la littérature, la philosophie, le journalisme, les arts- la France ne serait pas la France si elle avait refusé de s'ouvrir aux autres. La France ne serait pas la France si elle n'avait pas toujours promu les valeurs de l'intelligence, de la curiosité, de la découverte, de la réflexion et de la générosité dans le respect des droits de chacun.

Depuis cinq ans, la droite au pouvoir a ouvertement méprisé les savoirs et la culture au détriment de l'intérêt général. Soucieuse de saborder l'État social et éducateur que nous avons hérité des combats et des politiques publiques du siècle dernier pour lui substituer un État entrepreneurial dont les credo sont la concurrence et la rentabilité, elle s'est attaquée à nos écoles, à nos universités, à nos laboratoires et à nos institutions culturelles pour y appliquer une idéologie managériale, y normaliser la précarité parmi les personnels et y subordonner la production et la diffusion des savoirs aux exigences de la compétitivité économique.

À l'école, la majorité sortante ne s'est guère souciée des dommages irréparables que pouvaient causer à l'éducation de nos enfants la fermeture de certaines classes et la surcharge de certaines autres, la suppression de dizaines de milliers de postes de personnels encadrants, l'envoi sur le terrain de jeunes enseignants dont la formation a été détruite, la disparition des réseaux d'aides pour les élèves en difficulté, l'arrestation de parents d'élèves étrangers devant leurs enfants à la sortie de nos établissements, l'assouplissement de la carte scolaire dont on sait qu'il a aggravé la ségrégation sociale et territoriale.

À l'université et dans la recherche, des milliards supplémentaires ont été abusivement annoncés et qui, soit n'ont jamais été alloués, soit ont été distribués sans tenir compte des besoins ni du principe d'égalité républicaine. Notre système universitaire en souffre désormais terriblement : taux d'échec qui explosent pour les étudiants en premier cycle, universités au bord de l'asphyxie financière (au point que certaines sont sous tutelle), pilotage politique de la recherche au mépris de la démocratie et de la collégialité, précarité accrue pour les personnels, évaluations opaques, effort de recherche en baisse qui relègue notre pays en queue du peloton européen, circulaires xénophobes dignes d'un autre âge.

A l'hôpital public, fleuron de notre système de santé, la rationalité budgétaire, le souci de favoriser le privé à tout prix sont en train de détruire notre travail au détriment des malades.

Les coupes claires dans les budgets, la dérégulation des politiques publiques et l'abandon de l'ambition émancipatrice de la connaissance caractérisent tout autant l'action de la droite dans le secteur culturel. Le ministère de la Culture n'est plus que l'ombre de lui-même, le réseau culturel français à l'étranger s'est vu peu à peu dépecé et les transferts de charges non compensés ont étranglé nos collectives locales, contraignant beaucoup de nos lieux artistiques et culturels à la fermeture et leurs équipes à la précarité, empêchant de surcroît le déploiement d'initiatives portées par les nouvelles générations.

Depuis quelques jours, à ce bilan désastreux, s'ajoutent des propos qui blessent les républicains. Nous pensons que l'élection présidentielle et le désir d'être élu ou réélu ne légitiment pas tout et certainement pas que la France y perde son âme. Il y a danger en Europe; un peu partout ailleurs, ressurgissent les mêmes démons, nous n'en voulons pas en France

Il est temps qu'arrive le changement dont notre pays a besoin. À l'occasion du deuxième tour de l'élection présidentielle, François Hollande en porte les couleurs.

Il s'est engagé à refonder l'école, dans le respect du service public et du principe d'égalité qui sous-tend ce dernier. Il a décrété la "mobilisation générale" pour la réforme des premiers cycles, un plan national de la vie étudiante pour aider chacun à réussir, et a promis la tenue d'assises démocratiques de l'enseignement supérieur et de la recherche pour restaurer la confiance perdue avec la communauté universitaire. Il a aussi annoncé un plan national pour l'éducation artistique, une loi d'orientation sur le spectacle vivant, la définition de contrats entre l'État et les collectivités locales pour un maillage culturel de tout le territoire, le vote d'une loi signant l'acte 2 de l'exception culturelle française, afin de concilier droits des créateurs et accès à la culture et à la création artistique. Il a promis de redonner à l'hôpital sa place au cœur du système de santé.

C'est pourquoi, le 6 mai, nous soutiendrons François Hollande. Nous conserverons bien entendu notre liberté de pensée et d'expression et revendiquerons, dès le 7mai, le droit à la critique : ce soutien n'est pas un blanc-seing. Cependant notre conviction forte est que la France ne peut plus supporter ces clivages, ces stigmatisations et ces dénonciations: Français contre étrangers, fonctionnaires contre "vrais travailleurs", France authentique contre celle des "élites". Nous croyons au contraire que notre pays a besoin d'être pacifié, réunifié. Nous faisons confiance à François Hollande pour redonner leur légitimité aux corps intermédiaires, rétablir les indispensables contre-pouvoirs, savoir rassembler, dans les épreuves comme dans les joies, nous faire sentir à tous que la France est notre bien commun.

Le savoir et le partage de la connaissance, sous toutes leurs formes, sont les seuls moyens pour exister et progresser dans le monde d'aujourd'hui. La France ne peut rester grande que par ses valeurs, sa culture, son ouverture au monde. Nous refusons le rétrécissement et l'abaissement intellectuels auxquels on assiste actuellement.

Voilà pourquoi, le 6 mai, nous voterons François Hollande.

 

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