Une laïcité bafouée ?
La laïcité (fut-elle "positive") a du mal a tenir son rang dans cette période de religiosité exacerbée, partout à travers le monde. A propos de la disparition récente d'un Airbus d'Air France et de "l'hommage" rendu à Notre Dame, Danielle Sallenave a écrit dans Le Monde tout ce que je pense du sujet. A savoir...
"L'extrême émotion que suscite légitimement l'accident du Rio de Janeiro-Paris ne doit pas nous interdire de réfléchir sur quelques-unes des manifestations auxquelles il vient de donner lieu. L'"hommage" public rendu le 3 juin aux 228 victimes, en présence du chef de l'Etat, sous forme d'une messe à Notre-Dame, nous permet en effet de mesurer à quel degré de confusion nos sociétés développées sont parvenues dans un domaine d'une grande importance pour la démocratie : la distinction de la sphère publique et de la sphère privée. Le relever n'est pas manquer de compassion envers les victimes et leurs familles, ou de considération pour leur deuil. Au contraire. Rappeler qu'une frontière doit séparer le public du privé, c'est rappeler tout à la fois la dignité de la sphère publique et celle de la sphère privée.
Rendre hommage, c'est manifester à quelqu'un son respect, sa déférence, pour son mérite, son esprit de sacrifice, les qualités éminentes qu'il a montrées, par exemple, dans l'accomplissement d'une action en vue du bien public. Mais si douloureuses que soient les circonstances de leur mort, pour quelle action les victimes d'un accident de l'aviation civile mériteraient-elles cet "hommage" public de la nation, de l'Etat ?
Quelque chose encore s'y ajoute, qui en fait un hommage au sens propre déplacé. C'est qu'il a été rendu au cours d'une cérémonie religieuse, célébrée à Notre-Dame, en présence du chef de l'Etat, entorse caractérisée à la laïcité.
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Voir aussi le blog de Caroline Fourest qui mène un combat régulier sur ces sujets.
"L'extrême émotion que suscite légitimement l'accident du Rio de Janeiro-Paris ne doit pas nous interdire de réfléchir sur quelques-unes des manifestations auxquelles il vient de donner lieu. L'"hommage" public rendu le 3 juin aux 228 victimes, en présence du chef de l'Etat, sous forme d'une messe à Notre-Dame, nous permet en effet de mesurer à quel degré de confusion nos sociétés développées sont parvenues dans un domaine d'une grande importance pour la démocratie : la distinction de la sphère publique et de la sphère privée. Le relever n'est pas manquer de compassion envers les victimes et leurs familles, ou de considération pour leur deuil. Au contraire. Rappeler qu'une frontière doit séparer le public du privé, c'est rappeler tout à la fois la dignité de la sphère publique et celle de la sphère privée.
Rendre hommage, c'est manifester à quelqu'un son respect, sa déférence, pour son mérite, son esprit de sacrifice, les qualités éminentes qu'il a montrées, par exemple, dans l'accomplissement d'une action en vue du bien public. Mais si douloureuses que soient les circonstances de leur mort, pour quelle action les victimes d'un accident de l'aviation civile mériteraient-elles cet "hommage" public de la nation, de l'Etat ?
Quelque chose encore s'y ajoute, qui en fait un hommage au sens propre déplacé. C'est qu'il a été rendu au cours d'une cérémonie religieuse, célébrée à Notre-Dame, en présence du chef de l'Etat, entorse caractérisée à la laïcité.
L'aurait-on une fois encore oublié ? La France est un Etat laïque, et son président, le président de tous les Français, quelle que soit leur confession.
Il ne peut donc assister à une cérémonie religieuse ès qualités - il ne peut y assister qu'à titre privé... "Lire la suite
Voir aussi le blog de Caroline Fourest qui mène un combat régulier sur ces sujets.