Paris, jeunes publics (suite et fin)

Publié le par JGC


Suite à l’article que j’avais rédigé dans le dernier numéro de La Scène, je reçois aujourd’hui de Christophe Girard, adjoint au maire de Paris chargé de la culture, un «droit de réponse» qui sera prochainement publié dans la même revue. Chers lecteurs de ce modeste blog, voici en primeur la teneur de cette missive. Vive le débat public !

Droit de réponse à Jean Gabriel Carasso
Cher Jean Gabriel Carasso
A partir de quelques phrases isolées de leur contexte, vous tirez des conclusions hâtives sur la politique culturelle de Paris en faveur du jeune public et caricaturez mes propos. Je ne peux laisser dire que Paris est restée « sourde et aveugle » à l’enjeu de l’éducation artistique. Si la Ville de Paris n’a pas créé le « centre d’initiative, de ressources et de création pour le jeune public » que vous avez préconisé et que vous souhaitiez diriger, cela ne veut pas dire pour autant que rien n’a été fait.
Depuis 2001, l’une des principales priorités de la politique culturelle de la Ville de Paris est l’éducation artistique et le développement de l’accès à la culture, notamment pour les enfants et les jeunes. La Ville soutient activement des initiatives et des spectacles destinés au jeune public, dans tous les domaines de la création, ainsi que de nombreux projets de partenariat entre établissements scolaires et culturels. Je n’en ferai pas le catalogue ici mais je tiens à citer quelques partenaires emblématiques : le théâtre Dunois, l’Etoile du Nord, le Grand Parquet, le festival Escapades, la Maison du Geste et de l’Image, le cinéma « Studio des Ursulines », les Jeunesses Musicales de France pour le Festival Mino, et maintenant le CENTQUATRE.
L’ensemble des établissements culturels municipaux ont été encouragés à développer des partenariats avec les établissements scolaires et à mener des actions spécifiques en faveur du jeune public. Je peux ainsi évoquer le dispositif « Ecoles amies des musées » avec les musées municipaux, les « ateliers d’orchestre » de l’Orchestre de Paris, le dispositif « musiciens à l’école » de l’Ensemble Orchestral de Paris, les actions pédagogiques du Forum des Images, les visites conçues spécialement pour les enfants à la Maison Européenne de la Photographie, , les nombreux partenariats avec les écoles mis en place par le Théâtre de la Ville, le Théâtre du Châtelet, la Maison de la Poésie et tous les théâtres municipaux.
Le développement d’une offre nouvelle destinée à l’enfance et à la jeunesse fait également partie de la mission des nouveaux équipements culturels de la Ville de Paris. Nous venons d’inaugurer au CENTQUATRE un lieu inédit en France, la « Maison des Petits ». Espace d’art, de jeu et de créativité, elle accueille des enfants de moins de six ans accompagnés de leurs parents. Les artistes résidents au CENTQUATRE y proposeront de nombreux ateliers interactifs et des temps d’échange. Si un tel espace a été conçu dès l’origine du projet du CENTQUATRE, au cœur du 19ème arrondissement de Paris, c’est bien parce que nous sommes convaincus, Bertrand Delanoë et moi-même, que la rencontre avec l’art est indispensable dès le plus jeune âge, et joue un rôle structurant pour tout citoyen.
Savez vous d’ailleurs que la Ville de Paris finance intégralement 218 postes de professeurs de musique et 215 postes de professeurs d’arts plastiques dans les écoles élémentaires, tous à temps plein ? Grâce à ce réseau, tous les enfants des écoles primaires bénéficient d’un enseignement artistique, soit près de 80 000 élèves. Paris est la seule ville en France à financer des postes de professeurs en complément de l’Education Nationale.
L’importance que nous accordons à l’éducation artistique se traduit aussi par un réseau municipal de lecture publique fortement tourné vers le public jeune, puisqu’il compte 42 sections « jeunesse » et 11 bibliothèques spécialisées pour la jeunesse. Le réseau des 17 conservatoires municipaux et des 17 ateliers de création « pirates des arts » menés par Paris Ateliers permet également d’encourager les pratiques artistiques dès le plus jeune âge.
La Ville de Paris a développé, enfin, une politique d’éducation au cinéma et à l’image. Ainsi, plus de 40 000 enfants parisiens sont concernés par le dispositif « Ecole et collège au cinéma », et une manifestation spécifiquement dédiée aux enfants de 2 à 12 ans, « Mon premier festival », a été créée en 2005 en partenariat avec les salles Art et Essai de la capitale.
Au cours de cette nouvelle mandature, un schéma « école et culture » d’envergure sera développé en lien avec Colombe Brossel, adjointe au Maire de Paris chargée des affaires scolaires et Danièle Pourtaud, adjointe en charge du Patrimoine. D’autre part, une attention particulière sera accordée au jeune public dans le cadre de la réforme des théâtres municipaux. Un « pass culture » pour les jeunes de 12 à 16 ans est également à l’étude, ainsi que la création d’un « théâtre européen pour le jeune public », qui a récemment fait l’objet d’un débat passionnant en Conseil de Paris. Enfin, de nouveaux conservatoires seront construits afin de répondre aux demandes d’inscriptions qui sont de plus en plus nombreuses.
« Situation désertique » dites vous ? Si le désert ressemblait au foisonnement culturel de Paris, tous les enfants rêveraient de grandir au Sahara.

  Christophe Girard
Adjoint au Maire de Paris chargé de la culture


Dernier commentaire, avant fermeture définitive : j’évoquais principalement dans mon texte les enjeux du spectacle vivant « jeune public » et l’on nous avance en retour un inventaire à la Prévert. Ne manquent que les ratons laveurs ! Mais il est vrai qu’ils supportent mal les sables désertiques. Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ! Chacun jugera ! Le débat est clos.


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O
je voulais dire salle immatérielle bien sûr
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J
Non, le débat n'est pas clos !!! Il faut bien penser que cette longue réponse en signe de "défense" montre que Christophe Gérard a besoin de se justifier sur ce dossier. L'annonce d'un lieu jeune public européen (projet de notre ami Philippe Torreton) est peut-être l'annonce que cela va bouger... D'aitre part, le Théâtre de La Ville avec Emmanuel Demarcy-Mota s'apprête à monter des projets avec des écoles et des des jeunes collégiens.Ton article a obligé à ces précisions, c'est déjà une bonne chose. Nous devrons suivre les évolutions t voir si PARIS montre ou non l'exemple en matière de spectacles de héâtre en direction des enfants et des jeunes. 
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O
entièrement d'accord avec votre dernier commentaire. j'avais moi-même rédigé une note sur cette étrange idée de salle matérielle sur mon blog. la réponse de christophe girard est fort décevante et en même temps inquiétante car elle frôle le hors-sujet. c'est d'autant plus triste que l'on ne sait pas s'il va devenir ministre de la culture...
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