Comédie(s) en banlieue

Publié le par JGC

Théâtre et Internet
Voilà plusieurs mois que je m’interroge sur les liens possibles entre théâtre et Internet. Comment le théâtre, sans se dévoyer et se pervertir, peut-il trouver sur le Net de nouveaux moyens de rencontrer son public ? Comment l’image peut-elle venir en soutien de la création théâtrale ? Ce ne sont pas les innombrables messages électroniques d’information qui y parviennent, publicité améliorée sans plus. La seule manière utile, me semble-t-il, c’est toujours de montrer les cuisines, l’envers du décors, le travail en train de se faire, afin que le spectateur se sente participant, à sa manière, de la chose en mouvement. Mais encore ! Et voici que la MC93 – la même que la Comédie Française entendait squatter il y a peu – innove de manière formidable avec son « Journal de la création » à propos de « Mesure pour Mesure ». Une caméra embarquée dans le travail de création, depuis le début des premières répétitions, saisissant au vol des moments de travail, approche du texte, traduction, décors, costumes, entretiens avec le metteur en scène… Quelques fenêtres ouvertes sur le monde secret de la création qui nous permettent de partager les questions, avant de ne recevoir que les réponses du spectacle définitif. Une manière nouvelle et pertinente de nous faire entrer dans le sens même du travail théâtral. Et une furieuse envie, bien sur, de voir le résultat final…. Sur le plateau.
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Comédie en banlieue
Toujours à propos de la MC93, sans doute avez-vous suivi l’affaire de la tentative d’OPA de la Comédie Française sur la Maison de la Culture de Bobigny. Résumé des faits pour ceux qui n’auraient pas suivi : l’administrateur(trice) de la Comédie Française habite à Bobigny. Elle rêve du projet d’installer la Maison (de Molière) à deux pas de la sienne (de maison). Une idée aussitôt reprise par la Ministre de la Culture, la Maire de Bobigny (« Qui refuserait la Tour Eiffel dans sa commune ? »), etc. Début octobre, conférence de presse pour annoncer la mainmise. Un seul oubli, en parler au directeur de la MC93. Aussitôt : réactions, rassemblements, messages de soutien… y compris de la Troupe de la Comédie Française elle-même. Pataquès ! Recul. On va réfléchir, en parler, négocier… Et l’on termine (mais est-ce la fin ?) par nommer un médiateur. C’est BFA (Bernard Faivre d’Arcier, ex directeur du Festival d’Avignon) qui s’y colle. « Il faut toujours un pompier dans les théâtres » affirme-t-il avec humour. Affaire à suivre ! Au-delà de l’amateurisme consternant de ceux qui l’ont menée, cette affaire appelle quelques commentaires. D’abord, noter le mépris profond que cela révèle, de la part du ministère, pour tout le travail mené en banlieue, notamment à Bobigny, depuis tant d’années. Que cette action mérite analyse et évolution, sans nul doute. Mais de là à imaginer que seule la Comédie Française puisse venir au secours du « 93 » ! Quelle aberration ! Cela en dit long sur l’idéologie réactionnaire qui nous enserre chaque jour un peu plus, sur l’autoritarisme de ceux qui nous gouvernent, sur le peu de cas fait aux personnes et aux artistes qui travaillent dans ces milieux. Le « service public » a encore du souci à se faire ! Plusieurs directeurs de théâtre de banlieue ont rédigé une lettre commune affirmant qu’ils étaient prêts à signer un accord de coopération avec la Comédie Française, sur la base de la réciprocité. Voilà une idée qu’elle est bonne ! La Comédie en tournée dans toutes les banlieues et le festival des cultures urbaines (Rap, slam et autres nouveautés…) à la Salle Richelieu ! Vive la révolution !
Lire sur ce sujet : le Blog de Daniel Conrod 
Le point de vue de Robert Abirached 
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