Palme d’or (suite)

Publié le par JGC

Je reviens sur la Palme d’or du Festival de Cannes, pour préciser les deux lectures qui ne manqueront sans doute pas d’être faites de ce film (que je n’ai pas vu…)
La première lecture portera probablement sur le contenu du film, les personnages, les situations, le langage, la réalité (ou pas) de la société qui y est décrite… On verra alors se réanimer le débat sur l’école, sa nécessaire réforme, l’indispensable « retour aux fondamentaux » accompagné d’une autorité enfin rétablie… Version réactionnaire de l’opinion fortement répandue aujourd’hui.
La seconde lecture, totalement opposée et sans doute occultée, insistera sur la réalisation du film lui-même, l’engagement de ces jeunes du XXè arrondissement de Paris dans un véritable projet pédagogique et artistique, leur capacité de travail, de mobilisation, d’interprétation et les conséquences formidables sur leur développement, leur image personnelle, l’image symbolique qu’ils représentent dans notre société. « Enfin, on nous verra autrement » disaient certains d’entr’eux au lendemain de leur récompense cannoise. On voudrait qu’ils aient raison !
Je trouve absolument extraordinaire ce double message envoyé par ce film, et suis curieux d’observer la manière dont ces deux débats seront (ou pas) repris au moment de la sortie en salle.

Me revient ici à l’esprit une histoire que racontait Augusto Boal à propos de la présentation de la télévision à des tribus indiennes d’Amérique. Venus leur montrer comment fonctionnait ce nouvel outil, des techniciens de la télévision décidèrent de passer quelques images à titre d’exemple. Ils avaient sous la main un vieux western… va pour le western. On y voyait des indiens se faire massacrer par des cowboys. Hurlements du public ! Si c’est ça la télévision, jamais ! Nous ne voulons pas de ces histoires… Confusion absolue entre le média et le message. Nous ne sommes pas loin d’un phénomène semblable. Attendons !

En attendant …
Nous apprenons que certains participants au film sont sans papiers !  « En ouvrant la 61e édition du Festival de Cannes, le président du jury, l'acteur et réalisateur Sean Penn, avait promis un palmarès "politique". La Palme d'or décernée à la fiction documentaire Entre les murs, de Laurent Cantet, est sans doute allée au-delà de ses espérances. Un des acteurs primés à Cannes est aujourd'hui sans papiers, tout comme la mère d'un de ses partenaires à l'écran, rapporte France Info. Selon Réseau éducation sans frontière (RESF), en pointe sur le dossier des régularisations, d'autres proches de membres de l'équipe du film pourraient être dans la même situation. »
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Et sur l’école, toujours… 
Je conseille vivement la lecture du coup de gueule d’Antoine Prost dans Le Monde daté du 28/5 : « Un Munich pédagogique » : Une catastrophe est en marche, plus grave que les nouveaux programmes de l'école primaire ou les suppressions de postes qu'on dénonce dans la presse ou dans la rue. Il sera facile, en effet, de revenir sur ces mesures.La suppression de deux heures de classe dans l'enseignement primaire et la semaine de quatre jours risquent au contraire d'être irréversibles. Et personne ne dit rien ou presque. Le forfait s'accomplit dans l'indifférence générale. Munich s'était accompagné d'un "lâche soulagement". Ce lâche consentement, lui aussi, annonce une débâcle. »


Publié dans ACTUALITES

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