Les honneurs de La Scène
Vient de paraître, le n° 48 de la revue "La Scène". Nous y sommes présents par un entretien et une brève sur notre livre.
Les voici:
« Le lien avec la pratique artistique aurait du être une priorité »
Jean-Gabriel Carasso, directeur de l’Oizeau rare, ex-directeur de l’Anart, auteur de « Nos enfants ont-ils droit à l’art et à la culture ? » (Ed. l’Attribut)
Education artistique
Art, culture et éducation au cœur d’une passion.
Entretien avec Emile Lansman Jean-Gabriel Carasso,
Editions Lansman,
60 pages, 9€
Les voici:
« Le lien avec la pratique artistique aurait du être une priorité »
Jean-Gabriel Carasso, directeur de l’Oizeau rare, ex-directeur de l’Anart, auteur de « Nos enfants ont-ils droit à l’art et à la culture ? » (Ed. l’Attribut)
Que pensez-vous des mesures proposées en conseil des ministres sur l'éducation artistique et culturelle?
Nous travaillons depuis trente ans à développer l'expérimentation en matière d'éducation artistique. Nous souhaitions que cela devienne une priorité politique, le candidat Nicolas Sarkozy l'avait promis pendant sa campagne. C'était enfin affirmé. Et qu'est devenue cette priorité? On commande un rapport et on voit arriver une priorité à l'enseignement de l'histoire de l'art pris en charge par les profs d'histoire, de musique et d'arts plastiques, comme si tout allait fonctionner sur cette injonction faite aux enseignants. C'est le lien avec la pratique artistique qui aurait dû être une priorité. Nous sommes dans une inversion totale de sens. C'est un peu comme si on voulait favoriser le sport en enseignant l'histoire du sport, sans permettre aux enfants de mettre les pieds dans un stade! La pratique est expulsée vers le champ périscolaire. On scinde l'éducation artistique en enseignements et pratiques, alors que ce qui a du sens, c'est le parcours dans l'école, afin que les enfants aient une approche complète de l'art et de la culture.
Quels sont, selon vous, les problèmes majeurs posés par ces mesures?
On nous parle de volet culturel dans les projets d'établissement: la mesure n'est pas nouvelle, mais on souhaite la généraliser. Simplement, pas un mot n'est dit sur ce que cela recouvre. On met en place des dispositifs sans s'occuper des dispositions des gens. Les injonctions ne servent à rien ni même les dispositifs, si l'on n'interroge pas le pourquoi et le comment de l'action. Or, pour fonder l'éducation artistique, il faut engager une vraie politique de formation.
Pourtant le plan Albanel-Darcos parle bien de formation ...
Oui, mais alors que le rapport Gross parlait d'un partenariat entre les DRAC et les IUFM, on nous dit que la formation passera par les grandes institutions culturelles et les écoles d'art, sans se préoccuper de leurs compétences. C'est encore une mesure dictée par l'absence de moyens, mais on flingue du même coup les petites structures ou compagnies très investies sur ce terrain et qui, elles, font ce travail depuis de longues années.
Ce sont les moyens qui font défaut?
Oui, bien sûr, cette annonce n'est suivie d'aucune mesure budgétaire: il faut faire plus sans un centime supplémentaire. Mais il n'y pas que [es moyens en cause. Le plan rescolarise ['éducation artistique. Il y a un problème de fond qui est pédagogique et qui a de tous temps agité l'Éducation nationale. I1 s'agit de faire valoir une pédagogie académique contre une pédagogie de projet créative. Si l'éducation passe par l'enseignement de l'histoire de l'art, bien que je n'aie rien contre l'histoire de l'art, on tourne le dos à une éducation du risque, de l'invention, de [a créativité. Il est assez intéressant de lire à cet effet le rapport Attali. Sa première proposition est de dire qu'il faut investir dans la jeunesse et prendre des risques. On fait exactement le contraire en valorisant des savoirs académiques. Comment encourager la créativité, le sens du risque ?
Comment s'emparer politiquement de la question?
Le sujet mérite un vrai débat politique, parce que c'est à l'école que doit se faire l'éducation artistique et non dans le temps périscolaire pour ceux qui peuvent ou qui veulent, comme le suggèrent nos ministres. Le conflit porte sur la pédagogie comme mode de rapport au monde. Or, cette question concerne chacun d'entre nous, ainsi que l'Éducation nationale, les collectivités, l'éducation populaires, les structures culturelles. Tout le monde a une partition à jouer, comme en matière d'environnement. On a beaucoup avancé sur l'éducation artistique en 30 ans. La difficulté est de généraliser des expériences qualitatives, qui ont fait leur preuve. Mais ce n'est pas impossible, à condition de savoir que cela passe par une formation longue des enseignants, des médiateurs et des artistes .
Nous travaillons depuis trente ans à développer l'expérimentation en matière d'éducation artistique. Nous souhaitions que cela devienne une priorité politique, le candidat Nicolas Sarkozy l'avait promis pendant sa campagne. C'était enfin affirmé. Et qu'est devenue cette priorité? On commande un rapport et on voit arriver une priorité à l'enseignement de l'histoire de l'art pris en charge par les profs d'histoire, de musique et d'arts plastiques, comme si tout allait fonctionner sur cette injonction faite aux enseignants. C'est le lien avec la pratique artistique qui aurait dû être une priorité. Nous sommes dans une inversion totale de sens. C'est un peu comme si on voulait favoriser le sport en enseignant l'histoire du sport, sans permettre aux enfants de mettre les pieds dans un stade! La pratique est expulsée vers le champ périscolaire. On scinde l'éducation artistique en enseignements et pratiques, alors que ce qui a du sens, c'est le parcours dans l'école, afin que les enfants aient une approche complète de l'art et de la culture.
Quels sont, selon vous, les problèmes majeurs posés par ces mesures?
On nous parle de volet culturel dans les projets d'établissement: la mesure n'est pas nouvelle, mais on souhaite la généraliser. Simplement, pas un mot n'est dit sur ce que cela recouvre. On met en place des dispositifs sans s'occuper des dispositions des gens. Les injonctions ne servent à rien ni même les dispositifs, si l'on n'interroge pas le pourquoi et le comment de l'action. Or, pour fonder l'éducation artistique, il faut engager une vraie politique de formation.
Pourtant le plan Albanel-Darcos parle bien de formation ...
Oui, mais alors que le rapport Gross parlait d'un partenariat entre les DRAC et les IUFM, on nous dit que la formation passera par les grandes institutions culturelles et les écoles d'art, sans se préoccuper de leurs compétences. C'est encore une mesure dictée par l'absence de moyens, mais on flingue du même coup les petites structures ou compagnies très investies sur ce terrain et qui, elles, font ce travail depuis de longues années.
Ce sont les moyens qui font défaut?
Oui, bien sûr, cette annonce n'est suivie d'aucune mesure budgétaire: il faut faire plus sans un centime supplémentaire. Mais il n'y pas que [es moyens en cause. Le plan rescolarise ['éducation artistique. Il y a un problème de fond qui est pédagogique et qui a de tous temps agité l'Éducation nationale. I1 s'agit de faire valoir une pédagogie académique contre une pédagogie de projet créative. Si l'éducation passe par l'enseignement de l'histoire de l'art, bien que je n'aie rien contre l'histoire de l'art, on tourne le dos à une éducation du risque, de l'invention, de [a créativité. Il est assez intéressant de lire à cet effet le rapport Attali. Sa première proposition est de dire qu'il faut investir dans la jeunesse et prendre des risques. On fait exactement le contraire en valorisant des savoirs académiques. Comment encourager la créativité, le sens du risque ?
Comment s'emparer politiquement de la question?
Le sujet mérite un vrai débat politique, parce que c'est à l'école que doit se faire l'éducation artistique et non dans le temps périscolaire pour ceux qui peuvent ou qui veulent, comme le suggèrent nos ministres. Le conflit porte sur la pédagogie comme mode de rapport au monde. Or, cette question concerne chacun d'entre nous, ainsi que l'Éducation nationale, les collectivités, l'éducation populaires, les structures culturelles. Tout le monde a une partition à jouer, comme en matière d'environnement. On a beaucoup avancé sur l'éducation artistique en 30 ans. La difficulté est de généraliser des expériences qualitatives, qui ont fait leur preuve. Mais ce n'est pas impossible, à condition de savoir que cela passe par une formation longue des enseignants, des médiateurs et des artistes .
PROPOS RECUEILLIS PAR A. Q.
La Scène n°48 - Mars 2008
La Scène n°48 - Mars 2008
Education artistique
Art, culture et éducation au cœur d’une passion.
Entretien avec Emile Lansman Jean-Gabriel Carasso,
Editions Lansman,
60 pages, 9€
Jean-Gabriel Carasso s’est prêté au petit jeu d’un court entretien que lui proposait l’éditeur Emile Lansman. Le compte-rendu de ces 90 minutes d’échange entre les deux hommes retrace le parcours d’un pionnier de l’éducation artistique. Sa découverte du théâtre, ses enthousiasmes comme ses déceptions, donnent ici matière à une réflexion très personnelle sur la relation de l’enfant et de l’école à la culture.