La culture et ses résultats
On croit rêver ! Passer près de quarante année à se battre pour faire avancer la question de l’éducation artistique et culturelle, y consacrer un nombre incalculable de stages, de colloques, d’assises nationales et internationales, rédiger des articles, écrire des livres… pour en arriver là ! Parmi les 16 indicateurs retenus pour l’évaluation du ministère de la culture (voir Le Monde du 12/1/08) : « la proportion de jeunes d'âge scolaire qui ont bénéficié d'une action éducative et culturelle de la part d'une structure subventionnée par le ministère » et le « nombre d'établissements scolaires qui intègrent un volet artistique à leur projet d'établissement ». Il faut se pincer pour y croire !
Questions :
Qu’est-ce qu’une action éducative et culturelle de la part d’une structure subventionnée par le ministère ?
La visite d’un lieu, une rencontre avec un artiste, une séance de spectacle ?
Une heure d’atelier ?
Un parcours d’une année ?
Un mois d’atelier ?
Une classe culturelle ?
Un voyage à Londres ?
Une conférence sur la préhistoire ?
Combien en faudrait-il pour toucher tous les enfants scolarisés (nombre d'élèves dans le premier et second degré 12 111 900) ?
Où sont les personnels formés pour atteindre un objectif de généralisation ?
Quels sont les critères d’efficacité pédagogique ?
De qualité artistique ?
Quelles sont les démarches d’évaluation ?
Qui va les conduire ?
De quels outils le ministère de la culture dispose-t-il pour piloter une telle politique ?
Comment va-t-il motiver des enseignants ?
Quel type de conventions peut-il passer avec les collectivités territoriales ?
Avec les établissements scolaires ?
Avec les IUFM ?
Avec les associations ?
Quels budgets sont disponibles ?
Sur quelles bases ?
Quels objectifs ?
Quels critères ?
Selon quel calendrier ?
Un an ?
Cinq ans ?
Dix ans ?
Qu’est-ce qu’un volet artistique d’établissement ?
Repeindre le mur de la cour ?
Faire un concours de dessin ?
Monter une chorale ?
Avec tous les élèves ?
Avec les volontaires… mais alors les autres ?
Faut-il fermer les ateliers existants (il ne concernent que quelques élèves) ?
Monter un spectacle dans un stade avec tous les élèves ?
Et Jean-Marie Bigard en animateur ?
Sur quelles bases peut-être négocié un tel « volet » ?
Quelle est la formation des chefs d’établissement pour cela ?
Etc…
Foutaise que cette approche strictement quantitative qui ne tient aucun compte des démarches engagées, de la fragilité et de l’incertitude de la chose artistique, du droit à l’erreur, de la pédagogie de projet, de la durée indispensable, de la formation (initiale et continue) incontournable…
J’avais écrit un jour : « la politique, c’est comme la photographie, il y deux manière de la rater ». Soit on est « sous-exposé » et le sujet traité reste dans l’ombre – ce fut le cas de très nombreuses années pour notre domaine ; soit on est « sur-exposé », priorité affichée à grands tambours médiatiques, sans que les moyens (structurels, humains, financiers…) ne soient disponibles. Nous y sommes !
Le « résultat » est donc connu d’avance. Soit il sera impressionnant du point de vue du chiffre, et nous avons toutes les chances qu’il soit alors catastrophique du point de vue de la qualité des actions et des démarches. Soit il est modeste et insuffisant, et il servira de prétexte à je ne sais quel remaniement. On changera l’entraîneur faute de buts marqués, mais rien ne garantira que le suivant fasse mieux ! Et pour cause…
En vérité, la « culture du résultat » n’est que… le résultat de la culture… TF1 !
Audimat avant tout. Du chiffre, des quotas, des pourcentages, des parts de marché…
Peu importe le sens, la démarche, les risque, la création…
Ainsi va le Berluskozysme triomphant.
Avouons que le découragement nous guette devant tant de simplisme et de veulerie.
Que peut-on faire ?
Argumenter, parler, écrire, protester… Sans doute !
Nous n’avons d’autre choix que de hausser la voix, autant que possible.
C’est ce que je tenterai de faire ce jeudi 17 janvier à Nantes, invité aux BIS pour une table-ronde sur « une vraie politique de l’éducation artistique ».
France Culture consacre ce jour-là son émission « Tout arrive » (Arnaud Laporte) à 12h, à la question de l’éducation artistique. J’y suis invité !
A vos casques !
Questions :
Qu’est-ce qu’une action éducative et culturelle de la part d’une structure subventionnée par le ministère ?
La visite d’un lieu, une rencontre avec un artiste, une séance de spectacle ?
Une heure d’atelier ?
Un parcours d’une année ?
Un mois d’atelier ?
Une classe culturelle ?
Un voyage à Londres ?
Une conférence sur la préhistoire ?
Combien en faudrait-il pour toucher tous les enfants scolarisés (nombre d'élèves dans le premier et second degré 12 111 900) ?
Où sont les personnels formés pour atteindre un objectif de généralisation ?
Quels sont les critères d’efficacité pédagogique ?
De qualité artistique ?
Quelles sont les démarches d’évaluation ?
Qui va les conduire ?
De quels outils le ministère de la culture dispose-t-il pour piloter une telle politique ?
Comment va-t-il motiver des enseignants ?
Quel type de conventions peut-il passer avec les collectivités territoriales ?
Avec les établissements scolaires ?
Avec les IUFM ?
Avec les associations ?
Quels budgets sont disponibles ?
Sur quelles bases ?
Quels objectifs ?
Quels critères ?
Selon quel calendrier ?
Un an ?
Cinq ans ?
Dix ans ?
Qu’est-ce qu’un volet artistique d’établissement ?
Repeindre le mur de la cour ?
Faire un concours de dessin ?
Monter une chorale ?
Avec tous les élèves ?
Avec les volontaires… mais alors les autres ?
Faut-il fermer les ateliers existants (il ne concernent que quelques élèves) ?
Monter un spectacle dans un stade avec tous les élèves ?
Et Jean-Marie Bigard en animateur ?
Sur quelles bases peut-être négocié un tel « volet » ?
Quelle est la formation des chefs d’établissement pour cela ?
Etc…
Foutaise que cette approche strictement quantitative qui ne tient aucun compte des démarches engagées, de la fragilité et de l’incertitude de la chose artistique, du droit à l’erreur, de la pédagogie de projet, de la durée indispensable, de la formation (initiale et continue) incontournable…
J’avais écrit un jour : « la politique, c’est comme la photographie, il y deux manière de la rater ». Soit on est « sous-exposé » et le sujet traité reste dans l’ombre – ce fut le cas de très nombreuses années pour notre domaine ; soit on est « sur-exposé », priorité affichée à grands tambours médiatiques, sans que les moyens (structurels, humains, financiers…) ne soient disponibles. Nous y sommes !
Le « résultat » est donc connu d’avance. Soit il sera impressionnant du point de vue du chiffre, et nous avons toutes les chances qu’il soit alors catastrophique du point de vue de la qualité des actions et des démarches. Soit il est modeste et insuffisant, et il servira de prétexte à je ne sais quel remaniement. On changera l’entraîneur faute de buts marqués, mais rien ne garantira que le suivant fasse mieux ! Et pour cause…
En vérité, la « culture du résultat » n’est que… le résultat de la culture… TF1 !
Audimat avant tout. Du chiffre, des quotas, des pourcentages, des parts de marché…
Peu importe le sens, la démarche, les risque, la création…
Ainsi va le Berluskozysme triomphant.
Avouons que le découragement nous guette devant tant de simplisme et de veulerie.
Que peut-on faire ?
Argumenter, parler, écrire, protester… Sans doute !
Nous n’avons d’autre choix que de hausser la voix, autant que possible.
C’est ce que je tenterai de faire ce jeudi 17 janvier à Nantes, invité aux BIS pour une table-ronde sur « une vraie politique de l’éducation artistique ».
France Culture consacre ce jour-là son émission « Tout arrive » (Arnaud Laporte) à 12h, à la question de l’éducation artistique. J’y suis invité !
A vos casques !